Qui sont les hommes et les femmes qui nous nourrissent ?

Qui sont les hommes et les femmes qui nous nourrissent ? Comment vivent-ils ? Où travaillent-ils ? À quoi aspirent-ils ? Les agriculteurs entretiennent nos paysages, fournissent notre alimentation, inventent des outils et des techniques, créent des entreprises, agissent, en un mot, pour la planète et les hommes. Et pourtant, nous les connaissons peu et mal. À l’heure où l’alimentation, l’agriculture et le climat sont au cœur des débats, InVivo et la photographe Géraldine Aresteanu partent à leur rencontre, le jour et la nuit.

Loin de représenter un groupe homogène, les agriculteurs sont aussi divers que les fleurs des champs : selon leur type de production, les contraintes géographiques et climatiques auxquelles ils font face, les techniques qu’ils emploient, leur mode d’organisation, les circuits de commercialisation dans lesquels ils s’insèrent, et selon leurs convictions professionnelles et personnelles. La diversité de l’agriculture française est source d’une richesse unique : céréaliers, maraîchers, viticulteurs, éleveurs, pêcheurs, ostréiculteurs, sur des grandes ou petites surfaces, en solo, en famille, en SCOP, en Coop, en groupement ou réseau, en grande entreprise intégrée, représentant l’agriculture conventionnelle, raisonnée, responsable, paysanne, bio ou agro-écologique. Opposer ces agricultures les unes aux autres, c’est passer à côté des réalités (souvent difficiles) du monde agricole et des transformations à l’œuvre. Toutes les agricultures sont nécessaires pour relever les défis qui sont les nôtres.

Le premier groupe coopératif agricole français InVivo et la photographe Géraldine Aresteanu conjuguent leurs expertises pour réaliser une douzaine de reportages photos inédits « Agriculteur, le jour et la nuit ». Durant 24h, Géradine Aresteanu accompagne et photographie les multiples visages de cette agriculture en mouvement, empreinte de sensibilité, labeur, sobriété, créativité, rigueur, innovation et écoute de l’environnement. Comme une fenêtre grande ouverte sur des quotidiens dont l’épaisseur révèle à la fois les changements de l’époque et la continuité de la condition humaine.

A Faronville, l’indépendance, c’est viscéral !

Septembre 2019. Au Domaine de Faronville, dans le Loiret près d’Orléans, sur 250 hectares, la famille Leluc pratique une agriculture holistique, à plusieurs titres. D’abord, par la diversité des productions et des activités : grandes cultures céréalières (blé, orge, maïs), maraîchage en plein champ (bottes d’oignons blancs), chambre d’hôtes, distillerie et production de spiritueux. Ensuite, par le choix du mode de gestion, qui vise une triple performance économique, écologique et sociale. Une telle approche implique de s’interroger quotidiennement sur le sens de l’action menée à la ferme et sur les équilibres globaux : revenu de la famille et développement de l’exploitation, impact du travail sur la santé et la qualité de vie, intelligence environnementale et développement continu des savoir-faire.

En 2007, Paul-Henri a repris l’exploitation familiale de son grand-père, orientée sur les grandes cultures. Il y vit et travaille avec Pauline – son épouse et indéfectible bras droit – et leurs quatre enfants, âgés respectivement de 13, 11, 8 et 4 ans. En 2009, ils démarrent la production de pommes de terre, ce qui leur ouvre de nouvelles perspectives et donnera lieu à la création d’un projet enthousiasmant : monter une distillerie à la ferme, afin d’élaborer des spiritueux d’exception à partir de pommes de terre, en maîtrisant toutes les étapes de la production de manière intégrée. S’ensuivent d’importants investissements pour créer la distillerie et acquérir l’art subtil de la distillation avec leur propre alambic. Brassage, fermentation, distillation, embouteillage, hall de dégustation… désormais, tout le processus de production est installé dans les anciennes bergeries de la ferme. « Cultiver nos ingrédients de base est une étape aussi essentielle que tout le reste pour la fabrication de nos spiritueux » indique Paul-Henri, qui ajoute : « Nous voulons avoir le contrôle total de chaque processus, de l’amont à l’aval ». L’attention portée au goût, c’est la marque de fabrique et la signature de Faronville. La vodka Faronville et les autres eaux de vie vieillies en fûts de chêne sont ensuite commercialisées par des cavistes et dans des épiceries fines.

Les Leluc fourmillent de projets et réinvestissent la majorité de leur revenu dans la modernisation continue du domaine. Leurs chiffres de production donnent le tournis : 2000 tonnes de céréales, 2500 tonnes de pommes de terre, 400 000 bottes de légumes frais et 4000 bouteilles de vodka. Pour les aider, ils comptent trois salariés à temps plein et une quarantaine de saisonniers pendant les saisons de récolte qui s’étalent sur presque six mois compte tenu de la diversité des productions. Ils prêtent une attention particulière à la conservation des sols à travers l’application simultanée de trois principes agronomiques : la suppression ou la réduction du travail des sols, la couverture végétale ou organique et la diversification de la rotation culturale. « Nous somme producteurs indépendants pour garder la main sur notre savoir-faire et la création de notre valeur ajoutée. » Chez les Leluc, l’indépendance, c’est viscéral !

Retrouvez le reportage photo complet de Pauline et Paul-Henri par Géraldine Aresteanu sur http://www.1jour1nuit1agri.fr/galleries/paul-henri-et-pauline-leluc-39-ans-producteurs-holistiques-loiret/

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